mercredi 24 novembre 2010

Brazil 2011

Allez, pour patienter une carte du parcours :



Le texte de présentation de l'organisateur, Jean Pierre LENFANT, et quelques photos des recos :





Tudo Bem !

La tête encore ébouriffée des vents mongols et le vieux cartable à reco sur les genoux, nous nous retrouvons à siroter un jus d’Acaï sur les rives de l’Amazonie.

J’en étais le premier étonné car rien ne m’avais jamais poussé à traîner au Brésil. Né dans une région où Charles Quint avait laissé de solides traditions carnavalesques : masques et géants emplumés ne m’avaient apporté que pleurs et effrois dans mon enfance. De plus, l’image affligeante des Favelas, des mégapoles, d’un Corcovado dominant un Rio pollué ne m’inspiraient aucun enthousiasme.

Et enfin, un pays découvert par un certain Cabral !!!

C’est autour d’un (ou plusieurs, peut-être) caïpirinha , sous quelques accords de Chico Buarque que les amis de « Terra » avaient réussi à me convaincre de découvrir un Brésil authentique, oublié du monde et d’un gouvernement liberticide, où l’on se croise encore en se saluant. Le Nordeste est un continent dans un continent, qui ne semble pas avoir changé depuis les conquistadors, les deuches méritent bien ça !

Le raid Brésil 2011 commencera ici, à Belem, à un degré de l’équateur, et à quelques sauts de liane de la Guyane. Si près de la France, nous avions espéré trouver un transport maritime complaisant pour les 2 cv. C’était sans compter sur les aberrations douanières et des taxes d’importations complètement invraisemblables pour un simple changement de département.

Rendez- vous était donc pris avec Roberto, un sympathique « despachante aduanero», au tok tok du coin. J’imaginais déjà les 2 cv, débarquant d’Europe, sur les eaux boueuses du fleuve au milieu des pirogues et tapouilles croulant de fruits chargés à Manaus.

La première image étant la bonne…

Nous resterons à Belen plus que prévu. Belen vit de l’Amazonie, respire l’Amazonie. Au marché Vero–o-Peso se croisent indiens et Garinperos. On y trafique les euros, venus des prestations guyanaises, contre des réals, les réals contre quelques grammes d’or, l’or contre de l’essence dont quelques bidons seront suffisants pour retrouver, le mois suivant, la Guyane.

Quitter Belem à travers l’Amazonie se montre rapidement embarrassant. Ce n’est pas l’enfer vert imaginé, mais la moindre piste à peine tracé disparait en quelques jours, absorbée par la végétation… Pas facile de faire un Road Book

Nous rejoignions la BR 10, plus indéfectible, qui mène à Brasilia.


Les rives du Rio Maracacumé accueilleront le premier bivouac, à l’heure du retour des pirogues, histoire de faire le plein de fruits inconnus et de quelques savoureux piranhas.

La traversée de la Bahia San Marcos prend plusieurs heures. Le vieux bac louvoye autour des bancs de sable avec une aisance énigmatique.

L’heure d’arrivée à Sao Luis est, dit-on, toujours incertaine.

Nous retrouvons, ce soir- là, Pierre de Bariloche et Nicolas de Rio. L’équipe de « Terra » s’est enrichie de Julien de Sao Luis même et d’Alfonso de Barrerinhas.

Alfonso, métis aux larges épaules et sourire éclatant, connait la région comme sa poche, un peu trop même. Il nous dégote un Buggy 1300 pour les recos. Le matos, les vivres et les hamacs suivent en Land Rover.

Ce ne sont pas mes véhicules préférés, mais… c’est l’aventure.

Nous faisons notre premier plein de réservoir à l’alcool, stupéfaits des odeurs de ti-punch qui remontent des réservoirs. Nous constatons que le moteur VW n’est pas très vif, par contre, le couple est énorme et les larges pneus sont capables de grimper n’importe qu’elle dune.

Difficile de juger ce qu’il en sera pour les 2CV !

Dès le départ, enhardi par les récits de Pierre sur les 2cv en Patagonie, Alfonso nous guide de carbet en case à Manioc, sur des pistes proprement abominables.

Obligés de relativiser les capacités de nos petits véhicules, nous retrouvons un terrain plus favorable jusqu’au Lençois.

Les Lençois sont une étonnante région de dunes blanches où se nichent des oasis d’eau douce, couleur émeraude, incitant à la baignade.

C’est à leurs pieds que nous installons nos hamacs après quelques camarones pêchés dans le dernier gué… C’est aussi ça, l’aventure.

Le lendemain, Alfonso joue, de nouveau, avec son Land Rover dans le moindre ruisseau, se laissant enfoncer jusqu’à mi pare-brise puis dériver avec le courant. Nouvelle explication ! Qu’importent les profondeurs, il faudra construire des radeaux pour les deuchs… ça, ça me plait !

Par la suite, les rio seront traversés sur d’étroits ponts de bois, plongeoirs improvisés pour les petits indiens.

Nous nous laissons prendre aux jeux et nous laissons glisser dans l’eau sur les chambres à air de rechange… Nous n’oublierons pas d’en prendre au moins deux par deuche.

La traversée du Maranhão se termine à Araïose, au bord du delta d’América. La jolie adjointe au maire est très europhile. Elle nous prête le stade pour la nuit. Nous lui promettons de revenir plus nombreux.

Vers le sud, l’état de Piaui, le plus pauvre du pays, est desséché par le soleil. Quel changement après l’Amazonie ! L’incursion dans cette terre déshéritée se termine ici au parc des 7 Ciudades, et plus précisément dans la piscine centrale de la petite pousada du parc. Arriverons-nous à caser un raid complet dans ce bassin ? Le pari est ouvert.

Retournant vers des terres plus fertiles, nous retrouvons les traces d’une voie pavée par les portugais au XVIe siècle. C’est là que les roulements du pont arrière du Land se mettent à siffler. Eux non plus, n’ont guère apprécié les gués des premiers jours. Nous changeons, le soir même, les roulements arrivés de nulle part… en Toy.

Pragmatique, Alfonso garde le Toy… et poursuit le long de l’Atlantique.

Au Brésil, la plage est une véritable route. Elle fourmille de vies, de bêtes, d’activités.

Le spectacle des pêcheurs, sur leur petite jangada à la voile triangulaire, invite souvent à s’arrêter pour siroter une « coco gelado » à l’ombre d’un cocotier. Les alizés se chargent de rafraichir l’atmosphère. Il faut, parfois, attendre l’heure de la marée basse, comme à Jericoacoara, le lieu ou les crocodiles dorment au soleil, en langue indienne.

C’est au petit bac à mangues, dans un décor polynésien, que nous buvons notre dernier cafézinho avec Alfonso. Nous chargeons le Buggy et quittons à regret ce concentré vivant de tout le Brésil. Tudo bem, Alfonso !

Cherchant à éviter Fortaleza, la noctambule, nous descendons vers la Sierra de Baturite. Les pneus du buggy n’apprécient guère la piste caillouteuse qui nous emmène à 850 m d’altitude, dans un jardin luxuriant et un hâvre de fraicheur. Aujourd’hui, nous avons gagné notre paradis.

La descente du massif serpente dans un labyrinthe de canne à sucre, où tout le monde se perd … forcément, puisque c’est un labyrinthe.

C’est à Praia de Fontes que nous retrouvons les vagues de l’océan, après avoir franchi les dunes géantes de Beberibe. Ici, la boîte de 2cv 4 sera indispensable et la largeur du pneu un atout qui le restera jusqu’à l’arrivée.

Le lendemain, nous essayerons plusieurs options. Il faudra choisir : sable mou en haut de la falaise, entre les arbres à cajou ou sable dur, au pied des falaises là où les vagues lèchent les rochers.

Y’a des jours comme ça …

Dans le registre « Fun and Sun », il fallait bien un arrêt dans ce haut lieu mondial du kyte-surf. Certains pourront « slider » et s’essayer au backloop et hang tem, chez nos copains belges de Tremembe, qui auront installés le bivouac à même la plage.

Wouldn’t it be nice !

Peu après ces « bonnes vibrations », il nous faut contourner les salines de Macau, également régions d’exploitations pétrolières avec ses petites pompes à contrepoids. Voilà le Texas ou l’Oklahoma d’où nous finirons par nous évader à travers un salar, ignoré de la compagnie Petrobras.

Au cap Sao Roque, les pistes sont en latérite, nous retrouvons la forêt qui cache tout, peut-être parce que nous sommes au point le plus proche de l'Afrique.

Les brésiliens appellent cet endroit la fin du monde. Ce n'est pas sans rappeler un autre "fin del mondo" bien plus au sud.

De ce point, nous croisons d’autres buggys venus de Natal et qui traversent, comme nous, les bras de mer, sur des petits bacs halés à bras d’homme.

Ici, l’entraide est générale pour traverser les maceios, ces résurgences d’eau douce qui ravinent le sable des pistes vers la mer. Ambiance garantie et bon moyen d’engager la conversation avec les raparigas.

C’est autour du dernier picanha grillé que se termine, à Natal, un raid si différent des autres.

Il est vrai que nous n’avons pas eu à nous cogner aux éléments climatiques, comme ces dernières années.

Si les forêts sont plus denses, les plages plus vastes qu’ailleurs, les pistes restent bonnes en générale. Pas de tôle ondulée, pas de méchante pierre … mais du sable un peu partout.














Lors d’une deuxième reconnaissance, nous avons réussi à éviter quelques gués hasardeux et établi un itinéraire parallèle à la plage, en cas de marée trop haute.

Curieusement, nous n’avons rien prévu en cas de mauvais temps !

J’avoue attendre avec impatience le départ du raid, dans ce Brésil si attachant… car depuis, les masques ne me font plus peur !


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